La slow pédagogie place le partage et la compréhension de son environnement du monde au centre de son approche. Les activités de coopération sont des opportunités idéales pour porter ces objectifs au quotidien.

Qu’est-ce que la coopération ? Quelles formes peut-elle prendre dans une relation entre l’adulte et l’enfant ?

Le dictionnaire définit le verbe coopérer par le fait de concourir à une œuvre commune.

Cette simple définition dévoile déjà une partie de la teneur positive de la coopération. Cette action porte en elle encore d’autres éléments très enrichissants dans le processus de développement de l’enfant et dans le rôle d’accompagnement de l’adulte.

Le jeune enfant a spontanément envie de coopérer avec l’adulte.

Tout ce que fait ce dernier l’interroge ; il souhaite comprendre le pourquoi et le comment des actions de l’adulte. Avant même que le langage ne soit bien installé, son regard pose les questions suivantes : pour quelle(s) raison(s) l’adulte fait-il ça ? Comment cela fonctionne-t-il ? Tout l’intéresse : cette main qui tient une éponge et fait des allers-retours sur la table faisant alors disparaître les miettes du petit déjeuner, ce doigt qui appuie sur le bouton du manche du parapluie déclenchant alors son ouverture, ces déplacements d’une pièce à l’autre qui donnent lieu au transport de différents objets.

Les activités de l’adulte ont, aux yeux des jeunes enfants, beaucoup de valeur. En effet il sent dans celles-ci un potentiel énorme d’actions sur le monde. Or, le tout-petit vit justement pour s’inclure et agir dans le monde dans lequel il est arrivé. Le souhait de coopération du jeune enfant traduit sa curiosité naturelle et son instinct à vouloir devenir autonome.

Au rythme de son développement psychomoteur, l’enfant va donc très rapidement tenter (ou demander) de faire avec l’adulte.

En prenant part aux activités de l’adulte, l’enfant accède à de nouvelles connaissances et se sent monter en compétences. Un sentiment très favorable au développement de l’estime de soi.

Le jeune enfant a envie de coopérer. Le quotidien offre naturellement de multiples occasions de coopération, pourtant l’adulte n’a pas toujours le réflexe de leur laisser l’opportunité d’être vécues.

L’enfant est souvent considéré comme trop petit, l’action comme trop dangereuse et le partage de la tache comme trop ralentissante. Cet a priori, ajouté à la non conscience des aspects positifs de la coopération, pousse l’adulte à décliner, assez systématiquement, toutes propositions de coopération venant de l’enfant.

Face à l’enfant qui insiste pour prendre part à son activité, l’adulte a souvent l’impression que celui-ci est « toujours dans ses pattes », que sa place est plutôt d’aller jouer. L’adulte a une tendance assez naturelle à vouloir cloisonner le monde des grands et le monde des petits. L’action de coopérer peut relier ces 2 mondes et venir enrichir la relation entre adultes et enfants.

Pour installer la coopération dans sa relation avec l’enfant, l’adulte doit donc tout d’abord se rassurer sur ce qu’implique de faire concourir l’enfant à sa tâche.

Faire participer n’est pas synonyme de faire faire à l’identique. En effet, dans la coopération, si l’objectif est commun, les actions peuvent être différentes ; chaque protagoniste oeuvre à la hauteur de ses compétences. Ce serait d’ailleurs une erreur que de confier une mission non adaptée aux compétences de l’enfant car il serait mis en échec et l’adulte pourrait être tenté de lui répondre : « tu vois je t’avais bien dit que tu étais trop petit pour ça ».

Quant à l’impression de perte de temps, elle ne se vérifie pas forcément. Si ré-ajuster son plan d’action pour inclure l’enfant dans sa tâche peut, de prime abord, sembler nous ralentir, elle évite très souvent de longues minutes de gestion de conflits consistant à tenter de convaincre, en vain, l’enfant qu’il ne peut pas faire la chose avec nous. En accordant de la place  à la coopération l’adulte peut s’épargner un moment désagréable dû à l’expression agitée d’une frustration (caractéristique du jeune enfant) et se donner, à la place, l’opportunité de vivre une relation constructive avec l’enfant.

La valeur positive de la coopération se vit vertueusement entre adultes et enfants.

Pour l’adulte, oser la coopération c’est s’offrir l’occasion de voir grandir l’enfant et d’en être fier. Ce qui, dans un rôle d’accompagnateur est très valorisant.

De son côté, l’enfant est reconnaissant de l’adulte qui a entendu son besoin de comprendre le monde qui l’entoure et qui lui a alors confié une mission. Cette confiance accordée et le sentiment d’autonomisation ressenti, positionnent l’enfant dans un état de bien-être psycho-social. La coopération est donc synonyme d’épanouissement tant du côté des enfants, que des adultes.

Coopérer possède en plus l’avantage de participer au développement de compétences sociales. A savoir, articuler sa place avec les autres, prendre conscience que chacun n’a pas les mêmes compétences et que celles-ci peuvent se compléter intelligemment en vue d’un aboutissement commun.

Enfin, pour l’adulte, accepter la coopération dans la petite enfance c’est entretenir la spontanéité de cette relation constructive au fil des âges.  Elle s’ancre chez l’individu comme une opportunité de partage évidente et enthousiasmante que l’adolescent (ce protagoniste parfois récalcitrant à la coopération avec l’adulte) se réjouira naturellement de vivre.

Coopérer entre adultes et enfants c’est ne plus raisonner selon un rapport de force petit/grand, sait faire/sait pas faire.

C’est agir selon un rapport d’humain à humain où chacun participe fièrement, selon ses compétences, à l’œuvre commune.